TRADITIONS, RESOLUTION DU CONFLIT EN CASAMANCE
Au cœur du royaume d’Oussouye

[Reportage] Ghana : Voyage au coeur des sombres secrets du camp des sorcières de Gambaga

Les journalistes de la visite de terrain autour du Roi d’Oussouye.

Les rites et traditions du Royaume d’Oussouye ont résisté au temps. Immersion dans cette partie de la Casamance qui polarise 17 villages dont 2 en Guinée Bissau.

Par Babacar Guèye DIOP (Envoyé spécial à Oussouye) 

«Interdit à toute personne étrangère.» Sur la route cahoteuse par endroit qui relie Ziguinchor à Cap Skirring, un tableau surplombé par les gigantesques feuillages indique la sacralité des lieux. Il faut se courber, se faufiler dans la forêt dense, troublée par les crépitements des oiseaux pour apercevoir le sanctuaire du maitre. Nous sommes dans le Bois sacré du Roi d’Oussouye et l’indication est on ne peut plus claire : «Demeure du Roi d’Oussouye. Attendre une autorisation pour entrer.» C’est une case étroite faite de paille et de feuilles de palmier que les visiteurs ne peuvent voir que de loin. «Seuls les initiés peuvent y entrer», confie Lionel Diedhiou, fils et porte-parole du Roi. Ce mercredi 20 septembre 2023, les visiteurs sont essentiellement composés de journalistes venus de la Sierra Leone, du Ghana, de l’Ouganda et du Sénégal dans le cadre du projet «Engager les médias et les minorités à agir pour consolider la paix (EMMAP) de l’Ong Fahamu, en partenariat avec Mrcg (Sierra Leone) et Mpec (Ghana). Il s’agit de sensibiliser le public sur les interconnexions entre les problèmes des minorités, les tensions communautaires et les conflits pour aider à construire et consolider une paix durable au Ghana, au Sénégal et en Sierra Leone.

Au bout d’une attente perturbée par une pluie battante, le Roi fait son apparition. Tout un rituel. Vêtu d’un manteau rouge et d’un bonnet de la même couleur, Sa Majesté Simbili Mbaye Diédhiou, stoïque, livre en préambule sa mission depuis son intronisation à la tête du Royaume d’Oussouye, le 17 janvier 2000. «Il a un royaume qui polarise 17 villages mais il étend ses tentacules jusqu’en Guinée Bissau qui en compte 2. Il est le garant de la paix et de la sécurité dans notre communauté parce qu’il détient le fétiche le plus important», décline Lionel Diedhiou précisant qu’une femme n’entre pas dans le Bois sacré.

Œuvres pour la paix en Casamance

Dans le royaume, le passage à la tête ne résulte pas d’une élection ni d’un vote. «Il faut d’abord faire partie d’une des 4 familles qui occupent le trône. La royauté n’est pas héréditaire, ce qui fait qu’un prince ne sera jamais roi. Les sages doivent consulter les fétiches et désigner l’homme. Même s’il se trouve aux Etats Unis, il reviendra pour devenir le roi», signale M. Diédhiou. De plus, ajoute-t-il, le chef coutumier détient des hectares de rizière où chaque mercredi, tous les hommes se donnent rendez- vous pour cultiver, le «faro» en langue locale. «Lorsque les hommes vont terminer, ils nous donnent pour préparer une partie de la production. Le reste est stocké pour le compte du Roi qui en profite pour aider les nécessiteux des villages», explique Rosaline Senghor, Reine d’Oussouye. Son domicile, animé comme un marché, est l’endroit pour la cuisine.

Babacar Guèye DIOP

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