ÉTHIQUE ET DÉONTOLOGIE DES DROITS DE L’HOMME

[Reportage] Ghana : Voyage au coeur des sombres secrets du camp des sorcières de Gambaga

Le président du Cored pendant sa présentation. (photo : Karol-Grygoruk- RATS-Agency).

Comment couvrir les droits de l’homme (par Mamadou THIOR – Journaliste et Président du CORED)

1. Définir l’éthique et la déontologie

Ethique (non écrite)

C’est cette petite voix qui vous parle et vous incite à faire appel à vos valeurs (sociales, morales, religieuses, etc), à votre conscience quant à ce qui est bien et ce qui est mal, ce que tu peux faire et ce que tu ne peux pas faire.

Déontologie (écrite)

C’est un ensemble de règles écrites qui fixent nos droits et devoirs.

Elle se distingue en « charte », « code », « déclaration », « guide », « règles » ou « principes » professionnels. La déontologie oscille entre liberté et responsabilité.

L’objectif d’un comportement éthique et d’un code déontologique est de contribuer à limiter les risques d’écart de conduite et de langage dont les conséquences peuvent porter un préjudice grave à autrui.

2. Signification de la notion de droit de l’homme

Selon les Nations Unies

« Les droits humains sont les droits inaliénables de tous les êtres humains, sans distinction aucune, notamment de race, de sexe, de nationalité, d’origine ethnique, de langue, de religion ou de toute autre situation. Les droits humains incluent le droit à la vie et à la liberté. »

3. Omniprésence de la photo et de la vidéo face au droit à l’image, à la vie privée et à la protection des données personnelles

Le droit à l’image vous permet d’autoriser ou de refuser la fixation et la diffusion publique de votre image. 

Le droit à la vie privée vous permet d’autoriser ou de refuser la divulgation d’informations concernant votre vie privée. 

La donnée personnelle est toute information relative à une personne physique qui permet de l’identifier directement ou indirectement (nom, prénoms, adresse postale ou courriel, date de naissance, matricule, compte bancaire, adresse IP, ADN, empreintes, photos, vidéos, plaque d’immatriculation, etc).

 En public, il est possible de filmer ou de photographier des individus sans leur consentement uniquement lorsqu’ils font partie d’une foule et s’ils ne sont visés en particulier.

Si votre image a été diffusée sans votre autorisation, vous pouvez contacter l’auteur de la diffusion : photographe, vidéaste, média. 

En cas de refus de suppression de votre image, vous pouvez vous adresser à la Commission de protection des Données  Personnelles (CDP) qui contacte le Conseil pour l’Observation des Règles d’Ethique et de Déontologie dans les médias (CORED) si c’est un média qui est concerné, notamment en urgence pour faire supprimer l’image.

– Pollution informationnelle

Cette déferlante d’informations que nous recevons en continu sur nos supports surtout numériques. 

La montée des médias sociaux exposant pour la plupart à des contenus erronés doit amener à plus de discernement.

Respect de la dignité humaine

Eviter de véhiculer des clichés

Utiliser les termes appropriés en évitant les dénominations considérées comme stigmatisantes pour en adopter de plus neutres, garantes de respect (non-voyant à la place de aveugle, personne en situation de handicap ou personne à mobilité réduite au lieu de handicapé, sans abri pour clochard, personne de petite taille pour un nain, personne en situation d’obésité remplace une personne obèse, etc).

– Attention aux images dégradantes

Internet se présente comme un média ouvert et alternatif dans lequel les images de violence circulent. 

Il faut rendre la violence invisible. Il y’a une différence entre les images montrant la violence de manière directe (images violentes) et les images suggérées (images de violence). La première catégorie implique une confrontation directe avec une violence bien visible, ou avec ses effets sur le corps, à travers des images d’égorgements ou de cadavres par exemple. La deuxième catégorie est plus large : elle regroupe des images dans lesquelles la violence est hors champ, simplement suggérée, ou visible, mais à distance. Exemple, lors des attentats du 11 septembre 2001, on voit les avions s’encastrer sur les Twin Towers. Aussi angoissante que soit la vision des avions qui explosent et de l’effondrement des tours, les images ne sont pas à proprement parler violentes : nous ne voyons aucun individu, nous ne pouvons pas percevoir leur douleur, nous l’imaginons seulement, et leurs corps ne sont pas visibles.

L’Homme qui tombe « The falling man »

4. La meilleure couverture médiatique

Le journalisme est un métier qu’on fait avec empathie pour son public, un public qu’on identifie, à qui on s’adresse, qui est composé de sujets vivants, pas d’objets virtuels. Tout n’est pas possible à dire, écrire ou montrer n’importe comment. Eviter de privilégier le sensationnel (sexe-sang- scandale) pour attirer les lecteurs, les auditeurs ou téléspectateurs. Attention à ne céder justement aux sirènes de l’immédiateté, s’affranchissant des règles basiques dans le métier (vérification et recoupement de l’information) et contribuant ainsi à la diffusion de fausses informations.

5. Comment surveiller le travail des médias à travers l’autorégulation à la place de la régulation.

L’autorégulation est un mécanisme mis en place par les professionnels des médias pour contrôler les contenus et en cas de manquement corriger et au besoin sanctionner. 

La régulation est imposée par nos états à travers des structures qu’ils mettent en place et qui sont perçues comme mettant des bâtons dans les roues des médias indépendants. 

L’autorégulateur (CORED) fait du monitoring des medias au quotidien. Nous faisons beaucoup attention à la façon dont la femme, l’enfant, les personnes vulnérables sont traités dans les médias. 

Le titre ci-dessous du quotidien national Le Soleil condamne déjà cet homme pourtant en détention provisoire et non encore jugé, présenté comme un rebelle.

Sur la photo ci-après, on voit le président Macky Sall et son principal opposant Ousmane Sonko assis ensemble entourant un chef religieux. La photo est trompeuse car c’est un photomontage et le journal ne le mentionne pas pour ses lecteurs.

Le quotidien suivant fait dans la stigmatisation en titrant « Mimy (la dame sur la photo) risque d’être déshabillée.» 

Enfin, il y’a le problème de l’homonymie. On confond les personnes comme dans le journal ci-après où la personne sur la photo en bas de page se nomme Babacar NGom mais n’est pas le vrai dont il est question dans une affaire de détournement de biens.

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